« Matrone Et Domina, Une Patricienne Hypersexuelle Dans La Rome Impériale » (1) : LÉducation De Tullia
AVERTISSEMENT
Jai décidé, à mon tour, de me lancer dans la rédaction et la publication de récits érotiques fictifs, en commençant par une série de textes dans un cadre historique.
Ma première série, «Matrone et Domina, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale», sera un « péplum érotique ». Il sagit bien de fiction, mais construite à partir de mes lectures.
Je renvoie aux références bibliographiques qui figurent à la fin du texte. Je me suis aussi inspirée de personnages historiques, de grandes libertines, dont jai raconté le parcours dans la série « Histoire des libertines ». Je recommande donc de lire ou de relire les quatre textes suivants, qui ont été des sources dinspiration :
« Histoire des libertines (4) : les femmes scandaleuses de la famille dAuguste », paru le 5 septembre 2017. Jai notamment été inspirée par les frasques de Julie, la fille dAuguste.
« Histoire des libertines (5) : Messaline, impératrice et putain. », publié le 15 septembre 2017.
« Histoire des libertines (6) : Agrippine la terrible », paru le 26 septembre 2017
« Histoire des libertines (7) : Poppée et Faustine, des impératrices romaines à la réputation sulfureuse. », publié le 2 octobre 2017
TULLIA, MATRONE ET DOMINA
Ce premier chapitre est loccasion de découvrir mon personnage central : Tullia. Née en 30 de notre ère, ses aventures et son parcours dhypersexuelle vont se dérouler sous les règnes des empereurs Claude et Néron.
Tullia est la dernière dune lignée de patriciens, dune « gens » qui trouve ses racines dans les premiers temps de la République. Les Tullii prétendent même descendre des anciens rois légendaires de Rome, Servius Tullius et ainsi, de Tarquin l'Ancien par sa fille, Tarquina.
Son père, le sénateur Marcus Tullius Longus, dont le « cognomen » cadre bien avec sa grande taille, na pas réussi à avoir le fils qui aurait perpétré sa lignée.
Cette famille patricienne sest peu à peu ruiné du fait des dépenses de prestige nécessaires au cursus honorum, à la carrière politique du pater familias, tenu dentretenir des clients et doffrir au peuple « panem et circenses », du pain et des jeux. Les Tullii ont aussi été victimes des guerres civiles et, ayant en particulier choisi le camp du Sénat et de Pompée, ils restent à lécart du régime fondé par Auguste, même après que celui-ci leur ait choisi la clémence et leur ai rendu leur « dignitas », à défaut de leurs terres, qui étaient la source de leurs revenus. Enfin les trois mariages de Marcus, et les dots quil a dû consentir, ont encore dégradé létat de ses finances.
Tullia va croiser dans son parcours la route de Messaline et dAgrippine, ce qui ne sera pas sans conséquences, mais elle saura se tenir à lécart des luttes de pouvoir. Devenue jeune veuve, elle mènera une vie agitée, tout en évitant le destin tragique de Julie, fille dAuguste ou de Messaline. Tullia saura se préserver de laccusation infamante de « stuprum », qui est, chez les Romains, la souillure provoquée par des rapports charnels illégitimes.
En raison de l'accent mis sur la famille dans une société patriarcale, la sexualité féminine à Rome est vue comme une base de l'ordre social et de la prospérité. Les citoyennes se doivent d'avoir une sexualité dans le mariage et sont honorées pour leur intégrité sexuelle (pudicitia) et leur fécondité.
Les femmes libres qui s'affichent sexuellement, comme les prostituées et les artistes, ou qui se rendent disponibles indistinctement, n'ont plus de protections légales et perdent leur respectabilité sociale. Devenue veuve et dans limpossibilité de retourner chez son père, décédé entre temps, Tullia échappera à cette stigmatisation.
PORTRAIT DUNE BELLE PATRICIENNE
Marcus Tullius Longus sait quil vit la fin dun monde, annoncée depuis que la République sénatoriale a laissé la place à lEmpire et aux Césars.
Marcus aura mis les moyens qui lui restent à assurer la meilleure éducation à Tullia. En tant que femme, elle ne peut évidemment prétendre lui succéder au Sénat ou mener une carrière politique et militaire. Mais pour le reste, il laura instruite comme il laurait fait dun fils. Philosophie, rhétorique, histoire, mathématiques, Tullia se montre une élève brillante, dune grande intelligence et dune volonté inflexible. Elle maîtrise également parfaitement le Grec, Marcus sétant ruiné à faire venir les meilleurs précepteurs. Marcus est fier de lui transmettre son savoir, lhistoire de leur gens, lorgueil dêtre une Romaine et une patricienne.
Veuf depuis la naissance de Tullia, Marcus ne peut cependant que constater que sa merveille, qui va sur ses 16 ans, est devenue une jolie femme qui personnifie la beauté romaine.
Fidèle aux traditions romaines, Marcus veille à cacher ce trésor. Il est intransigeant sur ce point : en future matrone, Tullia couvre son corps dune longue tunique, symbolisant sa dignité, la «stola ». Lorsquelle sort, toujours accompagnée dune servante, la fidèle Valeria, qui répond delle devant son maître, Tullia se couvrait dun manteau, la « palla » et ne laisse à nu que son visage.
Les lecteurs Premium auront le privilège de découvrir une photo libre de droit que jai demandée à HDS de publier pour illustrer ce chapitre. Elle représente bien la façon dont je vois Tullia et cette beauté que Marcus découvrait, lui qui allait être contraint de vendre son dernier, son seul trésor, pour éviter à lui, le dernier des Tullii, la honte de la ruine.
Tullia possède tous les caractéristiques, ou presque, de la beauté féminine aux yeux des Romains. Pour lépoque, elle est grande, mesurant Im70. De son éducation masculine, elle a gardé la pratique de lexercice physique qui donne à son corps une fermeté et des muscles qui ne gâchent pas sa féminité. Tullia est mince, sa taille fine contraste avec des hanches larges. Tullia a une croupe qui ne peut que faire bander les hommes et appeler la saillie.
Ce qui frappe dabord chez Tullia, ce sont ses cheveux. A Rome, les cheveux sont perçus comme un objet de séduction et même de fascination. Depuis les origines de Rome, les cheveux des femmes sont liés au désir et à la magie amoureuse. Les longs cheveux de Tullia sont châtains clairs, ils tendent vers le blond, sans que la jeune femme nait besoin de se teindre les cheveux comme font beaucoup de Romaines. La fidèle Valeria passe des heures à coiffer sa princesse, alternant chignon et boucles. Elle veille à dégager largement son front, comme cétait la mode dans la Rome impériale et à tailler ses sourcils, qui ne sont quun mince trait au-dessus de ses grands yeux.
Le visage de la jeune femme est ovale et bien équilibré, il se caractérise par un teint blanc, frais, brillant et sans imperfections. Son nez est petit, comme la bouche petite aux lèvres pleines et délicatement ourlées.
Plus tard, quand elle ne sera plus sous la coupe du rigoureux Marcus, Tullia prendra lhabitude de se maquiller, en insistant sur le Khôl qui se combine si bien avec ses grands yeux noirs, ou encore accen ses lèvres par du rouge, encouragée par Messaline qui lui dira quelle une bouche de « fellatrix », faite pour les baisers et pour honorer les mâles.
Tullia ne possède cependant pas tous les canons de la beauté romaine. Dabord, à cause de ses grands yeux noirs. On se méfiait des yeux trop foncés parce quils témoignaient dun caractère fort, voir trop emporté. Et cétait vrai dans son cas.
Et puis surtout il y avait sa poitrine. Pour les Romains, de beaux seins sont toujours petits, blancs et portés haut sur la poitrine. Les seins d'une jolie femme sont censés être « discrets. »
Sur ce plan, Tullia se singularise. Ses seins sont lourds et correspondent davantage aux critères de beauté qui sont les nôtres.
Loin dêtre complexée, Tullia était fière de cette singularité. Les Romaines couvraient leur poitrine dun voile diaphane. Tullia, elle, aimait montrer ses attributs, elle était du genre exhibitionniste, ce qui faisait scandale. Elle aimait porter un péplos qui laissait lépaule nue. Dans sa découverte des pratiques sexuelles, Tullia saura faire de sa singularité un atout, pratiquant au grand plaisir de ses amants ce quon appellerait aujourdhui la cravate de notaire ou la branlette espagnole.
Pour terminer enfin sur ce portrait avec un détail très intime, aussi bien les femmes que les hommes s'enlèvent les poils pubiens. Cest ce que fait Tullia, aidée pour cela de sa petite et fidèle servante Lucia, un détail qui, nous le verrons, aura son importance.
LECTURES ET DECOUVERTES
Marcus pense bien connaître sa fille adorée.
Il ignore lautre face de la personnalité de Tullia, celle qui va peser lourdement sur sa destinée. Il sagit de la sensualité de la jeune fille, quelle va découvrir dès sa puberté, au moment où, d, elle devient adolescente. Elle est désormais une jeune femme, à une époque et une société où lâge légal du mariage pour une fille est de douze ans. La majorité des jeunes filles étaient fiancées à 10 ans et mariées entre 12 et 15 ans. Tullia était donc une exception, car Marcus na jamais songé à la marier aussi jeune, lui qui veut garder après de lui celle qui est sa joie de vivre, son rayon de soleil comme il lappelle. Quand certains de ses amis ont osé lui dire quil était temps de penser à trouver un mari pour la dernière des Tulii, Marcus les avait rabroués, leur disant quelle nétait quune , quelle avait le temps. Ce nest pas seulement par rigorisme que Marcus tient Tullia loin du regard des hommes, cest dabord parce quil veut retarder le plus possible son départ de la maison.
Tullia est une passionnée de lecture, comme son père. Elle dévore les ouvrages quil possède et dont il ne veut pas se séparer, fier de sa bibliothèque, malgré une situation financière qui ne cesse de se dégrader.
Marcus nentend pas contrôler les lectures de sa fille. Il veut quelle développe son esprit de curiosité et sait quelle est assoiffée de savoir. Il ny a pas au sein de la famille de mère qui pourrait veiller aux lectures de Tullia et il ny a plus désormais de précepteur qui aurait pu également la mettre en garde. Marcus est convaincu que léducation classique quelle a reçue sera suffisante pour la préserver de toute mauvaise influence. Il se trompe lourdement.
Tullia avait déjà découvert les ouvrages du poète Catulle (-84/-54) et notamment ce quil écrit sur sa liaison difficile avec Lesbie (Lesbia), en fait Claudia, épouse du consul Quintus Metellus Celer. Le poète exprime dans plusieurs de ses pièces son déchirement devant l'envie de quitter cette muse aux murs très volages, soupçonnée par ailleurs d'avoir empoisonné son époux en -59, de nourrir des relations avec plus de 300 amants et d'entretenir une relation ueuse avec son frère - et la passion dévorante qu'il éprouve jalousement.
Tullia aimait aussi les élégies du poète Tibulle (-50/+19), où il chante ses amours tumultueuses pour deux femmes, Délie et Némésis. Elle avait aussi apprécié les élégies du poète Properce (-47/-14) et son amour pour Cynthia, la femme qui allait l'inspirer et féconder son génie poétique.
La jeune fille va sidentifier à ces femmes et notamment à linfidèle et volage Lesbie.
La lecture qui la marquera le plus fut cependant celle des ouvrages dOvide (-43/+17) et notamment « lArt daimer », qui valut au poète dêtre exilé par Auguste à Tomis, sur les bords de la Mer Noire.
L'image du couple qu'Ovide présente est très éloignée de l'ancienne morale traditionnelle et reflète l'évolution des mentalités de la fin de la période républicaine : la femme n'est plus l'épouse soumise par les lois, respectueuse de son mari et jalousement protégée, la mère de famille, la Matrone, la maîtresse des serviteurs de la maison, la Domina). Ovide présente une société qui fonctionne à rebours de ces traditions ancestrales : l'homme devient esclave de sa compagne par recherche d'un plaisir nécessairement partagé et la recherche de raffinements nouveaux.
Louvrage mérite quon sy arrête un peu, car lhistoire de Tullia est la mise en uvre des préceptes dOvide.
L'ouvrage dOvide est divisé en trois Livres. Dans cette société où les hommes codifiaient le comportement sexuel des femmes, le poète subversif Ovide fut sans doute le seul homme de lEmpire Romain à sintéresser à lérotisme féminin et a recommandé aux hommes, dans ses écrits, dêtre des amants attentifs au plaisir de leur partenaire
Le premier Livre enseigne aux hommes à séduire les femmes. Après un préambule qui présente ce manuel du séducteur, Ovide décrit plaisamment les techniques d'approche : où trouver les belles filles à Rome, engager la conversation, aux courses de l'hippodrome soutenir ses favoris, multiplier les petits gestes attentionnés, gagner la confiance de sa servante ; aux cadeaux, préférer les nombreuses promesses, c'est moins coûteux, et les billets doux ; suivre la belle sans avoir l'air de la pister ; comment se comporter lors des festins, et voler les premiers baisers et une première étreinte.
Le deuxième Livre apprend à transformer sa conquête en amour durable : la fréquenter assidument, user de mots tendres et agréables, être attentionné, ponctuel et zélé, approuver ses goûts, gagner la complaisance de ses servantes et ses esclaves. Tolérer sans jalousie quelques rivaux et fermer les yeux sur les petites infidélités de la belle, tout en cachant celles que l'on commet, quitte à les nier si elles sont découvertes. Rester humble et patient en cas de refroidissement des relations. Et surtout, être un amant attentif au plaisir de sa partenaire.
Le dernier Livre s'adresse aux femmes, et prodigue les conseils pour séduire et conserver la relation : coiffure, habillement, maquillage, attitudes et jeux d'ombre qui mettent en valeur, y compris pendant l'acte amoureux.
Ces lectures remettent en cause tous les préceptes classiques quont inculqués à Tullia, ses précepteurs et le Pater Familias, afin de faire delle une bonne épouse et une patricienne digne de sa « gens ».
Et pour terminer ses découvertes dun autre monde, Tullia dévorera également « Les Amours », les élégies dOvide où le poète raconte ses amours avec la belle Corinne.
Outre lidentification à ces personnages féminins sulfureux, Tullia retient de ses lectures, et dabord dOvide, la force de la séduction, le droit au plaisir et lenvie dautre chose que le destin qui avait été écrit pour elle comme pour toute jeune patricienne, celui de femme au foyer.
Tullia rêve damours multiples, et cest, suite à ses lectures, quelle découvre le plaisir quelle a à se caresser et les orgasmes violents qui en résultent la laissent brisée. Dans une société où la masturbation des femmes était à peine tolérée mais rare, la jeune Tullia va ainsi violer son premier tabou, tout en le cachant.
Dès ce moment, Tullia montre sa profonde intelligence. Elle sait ce quelle veut, mais saura attendre pour lobtenir. Elle garde pour elle ses envies qui la brûlent. Il nest pas question pour elle, en aucune façon, de blesser la « dignitas » de son père, quelle sait très attaché à léducation classique romaine. Elle patientera, calmant son feu intérieur par ses lectures et ses séances de plus en plus fréquentes de masturbation, où elle a très vite découvert lincroyable sensibilité de son « landica », son clitoris. Vierge, Tullia ne sait pas encore quelle est vaginale, mais elle est instinctivement clitoridienne.
LUCIA, LINITIATRICE
Les lectures de Tullia ont joué un rôle décisif dans sa transformation, depuis une patricienne programmée vers une hypersexuelle affirmée. Sa servante Lucia a aussi joué un rôle décisif.
Lucia a environ deux ans de plus que Tullia. Conscient que sa petite fille, privée de sa mère, unique, entourée dadultes dont un père aimant mais distant et ennuyeux, Marcus avait voulu offrir de la compagnie à sa fille. Il avait alors acheté la petite Lucia pour quelle devienne la personne la plus proche de sa fille.
Ce fut une chance pour Lucia, orpheline abandonnée de Sicile, qui évitait ainsi les prédateurs dont elle aurait pu être la proie et entrait ainsi dans la maison de Marcus Tullius, réputé pour sa générosité envers ses serviteurs, quil ne traitait pas en esclaves, mais comme faisant partie de sa maison et de sa famille.
Dès lors, Marcus prit un grand soin de Lucia, qui, bien que juridiquement esclave, bénéficia des précepteurs et du même enseignement que Tullia. Elle apprit à lire et à écrire, ce qui était exceptionnel pour une esclave.
Lucia et Tullia devinrent vite inséparables. Tullia avait très vite obtenu, pour lutter contre ses peurs, que sa servante dorme avec elle. Les deux filles avaient pris lhabitude de manifester leur affection, se tenant la main, sembrassant. La nuit, elles dormaient dans les bras lune de lautre. A quelques mois de distance, les deux filles étaient sorties de lenfance et étaient devenues deux jolies femmes, continuant pourtant leurs habitudes. La fidèle Valeria avait bien essayé de mettre fin à ses pratiques, en disant quelles nétaient plus des s mais des femmes. Tullia sétait mise en colère, prenant sa servante par la main, comme si elle avait peur quon cherche à les séparer :
Lucia est à moi ! Mon père me la offerte quand javais quatre ans et il est hors de question que je me sépare delle. Je ne dors pas sans elle !
En signe de défi, Tullia embrassa Lucia sur la bouche. Elle savait, par ses lectures, que cétait un signe damour et, en effet, elle aimait Lucia.
Lucia était devenue une jolie petite brune. A la différence de Tullia, enfermée comme toutes les futures matrones, Lucia, du fait de sa condition, était libre de ses mouvements.
La brune avait un point commun avec la blonde patricienne. Pour dire les choses crûment, comme sa maîtresse, elle avait le feu au cul. Lucia, peu après quelle fut devenue nubile, se mit en chasse et perdit son pucelage. Ce fut pour elle une révélation et elle y prit goût, renouvelant les rencontres et devenant, en peu de temps, une experte de la chose amoureuse.
Il lui fallait cependant être prudente et ne pas tomber enceinte. Lucia savait que Marcus serait impitoyable et que les supplications de Tullia ny changeraient rien : elle serait vendue ou, en tout cas, chassée de la maison de façon ignominieuse et ne reverrait plus celle quelle adorait.
De son côté, Tullia ne voyait plus Lucia comme une grande sur, encore moins comme son esclave.
Tullia, qui lisait et parlait le Grec parfaitement, avait adoré les textes de la grande poétesse de Mytilène, Sappho (lire à ce sujet « Histoire des libertines (1) : Introduction et Sappho la poétesse de Lesbos. », publié le 14 août 2017) et nignorait donc rien, sur le plan théorique, des pratiques de Sappho avec ses disciples.
Si Tullia rêvait de mâles vigoureux et pour le moment inaccessibles, elle comprit quelle avait aussi envie de Lucia et se rendit compte que celle-ci ne la regardait plus non plus comme une sur, mais comme une femme. Tullia comprit quétant la maîtresse, il lui appartenait de prendre linitiative.
Loccasion en fut fournie par Lucia. Elle ne put longtemps cacher à Tullia les raisons de ses longues escapades et ce quelle y faisait. Tullia, jalouse, poussa Lucia à tout lui raconter, dans le moindre détail.
De plus en plus souvent, tu es absente le soir, tu sors, sans mon accord et celui de ton maître. Tu rentres tard, sans explications, en ayant lair complètement épuisée. Tu tendors immédiatement dans mes bras, alors que moi jai besoin de te parler, jai envie de ta tendresse, de tes baisers. Je veux savoir ! Parle, sinon je me plains à mon père et tu sais quelle sera ton sort : tu seras vendue !
Lucia fondit en larmes et se jeta aux pieds de sa maîtresse, entourant de ses bras les jambes de Tullia :
Tu ne maimes plus !
En regardant avec intensité Lucia dans les yeux, Tullia se mit alors à déclamer par cur « Ode à une femme aimée », le magnifique poème de Sappho :
« Lhomme fortuné quenivre ta présence
Me semble légal des Dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence,
Et moi, sanglotant,
Je frissonne toute, et ma langue est brisée :
Subtile, une flamme a traversé ma chair,
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Apre de la mer ;
Un bourdonnement remplit de bruits dorage
Mes oreilles, car je sombre sous leffort,
Plus pâle que lherbe, et je vois ton visage
A travers la mort
»
Cétait une déclaration, où Tullia, faisant fi des convenances et de la différence de conditions sociales, exprimait avec force son amour pour Lucia, mais aussi toute sa jalousie. Tullia fit se relever Lucia et ouvrit les bras, pour y accueillir sa belle esclave. Lucia se réfugia dans les bras de sa maîtresse. Les lèvres des deux jeunes filles se joignirent dans un long et passionné baiser à en perdre le souffle. Tullia fit alors tomber la tunique de Lucia, et ses mains parcouraient son corps
Tu es à moi, tu mappartiens ! Tu as compris ?
Je suis ton esclave, maîtresse
Tu es surtout ma femme et pour la vie. Je taime !
Moi aussi je taime, Tullia
Pour la première fois, Lucia osait lappeler par son prénom. Tullia la regarda en exprimant tout son désir. Elle savait que ce soir-là, elles allaient s'aimer. Tullia sentait que la pointe de ses seins devenait douloureuse, que son « cunnus », sa chatte, était ouverte et humide. Tullia avait envie de Lucia, de ses baisers, de ses caresses, de son corps, mais avant, elle voulait entendre la confession de celle-ci.
Faisant à son tour tomber la tunique quelle était censée porter pour dormir, alors quelle dormait toujours nue, Tullia prit la main de Lucia et lentraina vers le lit.
Je veux tout savoir, je veux que tu me dises tout, ma chérie. Comme ça je saurais quoi faire quand ce sera mon tour
Lucia commença à expliquer quil y a trois mois, elle sétait faite dépuceler par un esclave, jardiner de la propriété voisine, un bel homme viril. Dès cette première fois, Lucia avait plus quaimé le sexe. Elle avait compris quil lui en fallait souvent et beaucoup. Elle se mit donc en chasse pour trouver dautres amants, esclaves, affranchis, mais aussi des hommes libres, heureux de lopportunité de baiser cette jeune brune au tempérament de feu.
Tullia ne perdait pas une miette du récit. Elle avait commencé à se caresser, fermant les yeux, simaginant à la place de Lucia. Celle-ci sinterrompit, découvrant toute la lubricité de sa maîtresse, admirant le plaisir qui commençait à marquer son beau visage, à voiler ses yeux.
Tu es encore plus belle, maîtresse, quand tu te caresses !
Oh, continue, je te dis. Tu les choisis comment tes amants ? Bien membrés ?
Oh oui, mais aussi vigoureux et endurants. Je ne cesse de jouir et jen demande toujours plus. Cest divin, tu sais !
Quelle chance tu as ! Et tu laisses tes amants jouir en toi ?
Je lai fait quelquefois, et cest une merveille. Mais je préfère éviter car si lun dentre eux me féconde, je crains la colère du maître
Tu fais bien, il serait impitoyable!
Lucia expliqua ensuite sa découverte dautres pratiques, telles la sodomie et la fellation. Les scènes quelle décrivait exacerbaient lexcitation de Tullia.
Lucia finit par lui raconter que, plus récemment, elle avait voulu combiner ces plaisirs et quelle ne se contentait plus dun seul amant, quil lui était arrivé doffrir en même temps ses trois orifices ;
Oh, ma chérie, tu mexcites. Comme jaimerais voir ça et surtout pratiquer ces choses.
Tu le feras, mon amour, jen suis certaine.
Tullia et Lucia dormirent peu cette nuit-là, qui fut, pour lune et lautre, leur première expérience saphique.
Tullia, au matin, dit à Lucia quelle pouvait poursuivre ses frasques, en veillant à ce que son père ne saperçoive de rien, en restant de la plus grande prudence pour ne pas tomber enceinte. Tullia posa deux conditions, la première était que sa chérie lui raconte tout. Tullia a, en quelque sorte, commencé son parcours dhypersexuelle par procuration et Lucia aura été sa complice dès ce moment.
La seconde condition était la stricte fidélité pour ce qui concerne les femmes, Tullia nétant pas partageuse. Et désormais les deux jeunes femmes ne dormaient plus ensemble innocemment, mais développaient leur science du saphisme.
Convaincu des vertus de parfaite patricienne romaine de sa fille, Marcus ne voyait pas, au grand désespoir de Valeria, combien Lucia avait perverti son héritière, ou du moins était la complice de rupture de celle-ci avec bien des principes quil avait voulu lui inculquer.
Tullia était heureuse dans ses amours ancillaires et saphiques avec Lucia. Cet équilibre et son destin vont basculer à loccasion de son mariage, que son père, étranglé par ses difficultés financières, ne pouvait plus différer davantage.
(À suivre : Chapitre 2 : « Ubi tu Gaius, ego Gaia »
***
Bibliographie : voici les lectures qui mont guidé pour créer le personnage de Tullia
Pierre Grimal : » Lamour à Rome » (Editions Payot, 1995)
Géraldine Puccini-Delbey : « La vie sexuelle à Rome » (Taillandier, 2007)
Virginie Girod : « Les femmes et le sexe dans la Rome antique » (Editions Tallandier, collection Texto, 2020)
Jean-Noël Castorio : « Messaline, la putain impériale » (Payot, 2015)
Virginie Girod : « Agrippine, sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale » (Editions Tallandier, collection Texto 2019
Pourquoi ne pas découvrir ou relire « Lart daimer », dOvide (Editions Jai lu, 2002), lun des textes érotiques les plus connus au monde ?
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Sexualit%C3%A9_dans_la_Rome_antique
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